Gisèle Gall Poète, Artiste peintre : Recueils
Histoires brèves de la vie en mosaïque, à travers l’Art, à travers Mots…
Bonjour Lecteurs,
Ecoutez, il faut que je vous dise …
J’en ai vu passer des marchands de certitudes et des voleurs d’instants de magie et de rêve. J’en ai vu des regards qui tombent et se relèvent, des franges d’idéal traînant dans la poussière et des mots balayés par un revers de lèvres…
J’en ai vu des échecs et bien des récidives, des absences et des manques ne pouvant se combler, des recommencements et de l’inachevé.
J’ai vu des soifs d’amour s’abreuver à des sources taries, et chercher au fond d’un puits une eau plus pure pour laver les scories des épreuves engrangées. C’est vrai qu’au fond du puits de l’être humain il ne manque vraiment rien : Du stress sur mesure, des urgences… qui pressent, du bonheur artificiel, du concentré de bêtise non recyclable, et de l’égoïsme à l’état brut, service compris !
J’ai vu de nombreux gestes conditionnées sous vide, des paroles tranchantes sur le fil du rasoir, des occasions fraîchement pondues du jour, et du temps perdu non réclamé. Beaucoup d’erreurs en dérapage non contrôlé, des ennuis en file indienne, des rêves avortés sans anesthésie et des destinées hors-piste.
J’ai même trouvé chez certains un avenir sans racine et les ténèbres de l’infiniment ressassé… J’en ai vu des questions sans jamais de réponses, des paroles perdues, des miroirs sans reflet, des regrets, des espoirs sans aucun lendemain.
J’ai vu passer mille et un cris, quelques silences, bien des cœurs en déroute, des combats intérieurs, et des décapités sur les champs de bataille.
J’ai même surpris un mouton de Panurge… Il avait une idée fixe et il fut tout surpris de ne plus pouvoir avancer. Pourtant, pensait-il, c’était une idée large, mais il s’y sentait bien à l’étroit… Il croyait que c’était une idée neuve, et elle devint bientôt idée reçue. Dès lors, il n’eut plus la moindre idée…et je ne fus pas surprise quand il regagna le troupeau…
Mais, j’ai vu parfois errer quelques chercheurs d’or pur allant au fond d’eux-mêmes en quête de splendeur, pressentant cet éclat qui les fera vibrer, un éclat à transmettre, un éclat partagé…
Ainsi pour vous lecteurs, dans ces Histoires brèves, mon auteur a composé à travers Mots un élixir de Vie pour conjurer les Maux…
Signé : La Vie
Un extrait de la nouvelle : Le Silence
« Au commencement était le Chaos… »
« Au commencement était le Verbe… »
« Au commencement… … ou plutôt juste après le Commencement, était le Silence.
Non pas le silence du Rien, du Vide, du Néant, mais le Silence d’avant la guerre des Mots.
Il y a très longtemps, les Hommes sur la Terre étaient heureux et vivaient en Paix.
Les Mots, en ce temps-là, habitaient sur une autre planète, celle des Poètes, qui en étaient les gardiens. Car, « les mots, qu’on le sache, sont des êtres vivants » disait l’un d’eux. Il s’appelait Victor, je crois…
Les Hommes n’usaient donc pas de mots et n’avaient découvert ni les insultes, ni le mensonge.
Ils s’exprimaient pourtant, et leur langage était fait d’une infinité de lueurs dans leurs yeux, d’une foule de mouvements dans leurs mains, d’une multitude de sourires sur leurs lèvres, et de bien d’autres expressions encore…
En ce temps-là, il était facile de parler d’Amour et de Fraternité, dans le Silence.
Leur corps, leur cœur, ne savaient pas mentir; il faut une fréquentation assidue des mots pour apprendre à mentir…
Or, chez les Poètes, les Mots travaillaient dans les champs lexicaux. Certains plantaient des alexandrins ou des octosyllabes, pendant que d’autres cultivaient les vers et coupaient ceux qui fleurissaient à l’hémistiche, puis les engrangeaient dans des sonnets …Mais certains d’entre eux, les plus bavards, commençaient à vouloir connaître l’Univers et décidèrent alors de voyager.
Un jour, les plus hardis déterrèrent leurs racines et prirent un envol aventureux, car les Poètes, épris de liberté n’avaient pas clôturé les champs de Poésie. Ils quittèrent donc la planète des Mots. Ils volèrent d’étoile en étoile pour chercher un lieu où enraciner leur vacarme.
Ce fut la Terre, qu’ils envahirent à grand fracas. (…)